E85 et B100 : en 2026 le gouvernement pourrait faire flamber les prix

20/10/2025

Le prochain budget pourrait rebattre les cartes de la fiscalité des biocarburants et renchérir nettement le plein pour les usagers du bioéthanol (E85) et du biodiesel (B100). Le projet de loi de finances 2026 porté par le gouvernement prévoit en effet la fin du tarif préférentiel appliqué au B100, carburant à base de colza prisé par les transporteurs, ainsi qu’un atterrissage progressif de la défiscalisation qui fait aujourd’hui l’atout prix du Superéthanol E85, majoritairement issu de betteraves françaises. Objectif affiché: harmoniser la fiscalité des carburants. Conséquence redoutée par la filière: une hausse marquée à la pompe.

Une réforme à fort impact pour E85 et B100 – B100: la suppression du régime avantageux renchérirait directement le gazole 100% colza utilisé dans le transport routier, avec un effet répercuté sur les coûts logistiques. – E85: l’érosion des allègements fiscaux rognerait le différentiel de prix avec le sans-plomb, pilier du succès du bioéthanol en France.

Du côté des automobilistes, l’association 40 millions d’automobilistes anticipe un surcoût de l’ordre de 40 à 50 centimes d’euro par litre d’ici trois ans si l’avantage fiscal disparaît graduellement. Selon elle, cette trajectoire cumulerait pénalisation du pouvoir d’achat et affaiblissement de l’incitation à recourir à une alternative moins carbonée.

Le monde agricole en alerte Les organisations affiliées à la FNSEA dénoncent une hausse « brutale » de la fiscalité sur les biocarburants français d’origine agricole. Elles évoquent des relèvements d’impôts pouvant atteindre, selon leurs estimations, près de +380% pour l’E85 et +400% pour le B100. Sans concertation, préviennent-elles, la mesure fragiliserait des revenus déjà sous pression et mettrait en risque des filières stratégiques (sucre, amidon, huiles) où la France fait figure de leader européen. À la clé: carburants plus chers et frein à la décarbonation du transport.

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Pourquoi l’E85 s’est imposé Le Superéthanol s’est démocratisé grâce à un prix au litre bien inférieur à l’essence, malgré une consommation un peu plus élevée. Plus d’un million de véhicules roulent désormais à l’éthanol en France, en grande partie grâce aux kits de conversion homologués et à un réseau de stations en expansion. Pour ses défenseurs, l’E85 apporte un compromis efficace: il réduit les émissions tout en préservant le budget des ménages, à l’heure où l’Europe accélère vers l’électrique.

Quels effets à la pompe – Pour l’E85: une remontée graduelle des prix rapprocherait le litre de l’essence traditionnelle, réduisant fortement l’avantage économique qui fait son attrait. – Pour le B100: la fin du tarif réduit se traduirait par un surcoût immédiat pour les transporteurs, susceptible d’être répercuté sur les prix finaux de nombreux biens.

Atouts et limites environnementales Le bioéthanol présente des gains environnementaux reconnus: 30 à 50% d’émissions de gaz à effet de serre en moins par rapport à un moteur essence, selon la filière. Il bénéficie d’un cadre fiscal favorable pour les professionnels et n’entraîne pas de malus écologique pour les particuliers. Côté foncier, la production d’éthanol mobilise environ 0,6% de la surface agricole utile nationale (betterave, blé, maïs), d’après le syndicat des producteurs d’alcool agricole.

Reste que des ONG questionnent l’empreinte globale des agrocarburants, pointant la dépendance à une agriculture intensive (engrais, pesticides) et certains effets pervers documentés plus largement dans le débat public. Elles avertissent: si l’édifice fiscal qui rend ces carburants compétitifs vacille, la filière pourrait perdre sa boussole économique.

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Qui paiera la note – Conducteurs équipés E85: ménages ayant investi pour économiser sur le carburant, particulièrement sensibles à une remontée des prix. – Transporteurs au B100: entreprises ayant basculé vers un gazole d’origine colza pour réduire leurs émissions et leurs coûts. – Filière agricole: producteurs de betterave et de colza, exposés à une chute de la demande si la compétitivité des biocarburants s’érode.

Ce qui se joue avec le budget 2026 La France et la Suède font partie des pays européens les plus favorables à l’éthanol. Si la trajectoire fiscale annoncée se confirme, l’écosystème construit autour du E85 et du B100 s’en trouverait profondément reconfiguré. Entre objectifs d’harmonisation budgétaire et impératif de décarbonation, la ligne est étroite: une hausse trop rapide risquerait de décourager le recours aux carburants alternatifs et de renvoyer une partie des usagers vers des options plus polluantes.

À ce stade, les acteurs de la filière comme les associations d’usagers demandent au gouvernement de reconsidérer le calendrier et l’ampleur des mesures, au nom du pouvoir d’achat, de la souveraineté agricole et des objectifs climatiques. Si aucun correctif n’est apporté, E85 et B100 pourraient voir leurs prix s’envoler dès 2026, avec des répercussions en chaîne sur la mobilité et les coûts du transport.

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Fred

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